Il y a exactement 200 ans et un jour, le 27 Janvier 1814, naissait à Paris Eugène Viollet le Duc, célèbre architecte à l’origine de la restauration et de la sauvegarde de nombreux édifices et monuments historiques français. Amoureux des vieilles pierres, il n’en fut pas moins à l’origine de l’architecture moderne, du mouvement de l’art nouveau et des techniques innovantes pour l’époque dans le domaine des fortifications…
Pour lui rendre hommage, Vacances Vues du Blog vous propose une rétrospective de ses trois principales rénovations. Des monuments célèbres à découvrir à l’occasion du bicentenaire de sa naissance !
La cathédrale Notre Dame de Paris
Notre Dame de Paris occupe aujourd’hui la première place des monuments les plus visités de France. Pourtant, il s’en est fallu de peu pour qu’elle ne tombe en désuétude… Sans l’action d’Eugène Viollet le Duc, ce chef d’œuvre de l’Art Gothique ne serait en effet peut être plus là…
Petit retour en arrière. Lors du sacre de Napoléon 1er, en 1804, Notre Dame de Paris n’est plus que l’ombre d’elle-même. Violentée et abimée à l’occasion de la Révolution Française, la cathédrale ne sert alors plus que d’entrepôt, le culte catholique ayant été interdit à Paris en 1793 (!)… Pour cacher la misère, on décide pour l’occasion d’accrocher sur ses murs les drapeaux d’Austerlitz, et de blanchir l’extérieur de l’édifice à la chaux !
En 1831, Victor Hugo publie Notre Dame de Paris, un roman au succès retentissant. Cette œuvre permet de sensibiliser nombre de parisiens à la beauté de leur cathédrale, mais aussi à sa fragilité. Hugo est ainsi à l’origine d’un mouvement populaire en faveur de la sauvegarde de Notre Dame et c’est l’architecte Viollet le Duc qui est choisi pour entreprendre les travaux. Travaux qui commenceront en 1844 pour se poursuivre pendant 20 ans, jusqu’en 1864…
A l’image des autres réalisations de Viollet le Duc, la restauration de Notre Dame de Paris sera controversée. Elle l’est d’ailleurs encore aujourd’hui, puisque selon l’architecte, « Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné. » La cathédrale profitant donc de cette restauration pour se doter d’éléments et de motifs qui n’existaient pas auparavant…
La cité de Carcassonne
La mythique cité de Carcassonne ne serait sans doute pas ce qu’elle est aujourd’hui sans l’action d’Eugène Viollet le Duc. En 1659, suite à la signature du Traité des Pyrénées, Carcassonne perd sa fonction de protecteur des frontières du fait de sa position stratégique. La cité se dépeuple au profit de la ville basse, plus moderne, plus aérée et donc plus saine. Au fur et à mesure des années, les fortifications, non entretenue, se détériorent, de même que les habitations situées à l’intérieur de celles-ci.
Au début du XIXème siècle, il est alors prévu de raser toute la cité. Mais Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, historien et habitant de Carcassonne, s’en émeut, de même que Prosper Mérimée, écrivain mais également inspecteur général des monuments historiques. Ces deux personnages seront à l’origine de la sauvegarde de Carcassonne, dont la cité sera finalement restaurée par Viollet le Duc. L’empereur de l’époque, Napoléon III, en ayant accepté le principe et assuré les financements en 1853.
Les deux enceintes, de même que les portes de la ville et le château comtal seront ainsi sauvés d’une fin de vie certaine. Mais comme partout où l’architecte est passé, les critiques ne tardent pas à voir le jour… Parmi les nombreux reproches qui sont fait à Viollet le Duc, on peut retenir le fait qu’il ait utilisé des ardoises pour couvrir les tours de l’enceinte alors que des tuiles aurait été plus inspirées, ces matériaux étant les seules présents dans la région…
Le château de Pierrefonds
C’est aujourd’hui l’un des plus beaux châteaux de France. Pourtant, il s’en est fallu de peu pour qu’il ne tombe en désuétude. Situé à Pierrefonds, commune de l’Oise en lisière de la forêt de Compiègne, ce château fort a été presque entièrement démantelé en 1617, sur ordre de Louis XIII, conseillé par Richelieu. Les tours et murailles ont été dynamitées, et les ouvrages intérieurs sont complètement brûlés.
Au XIXème siècle, le mouvement du romantisme sauve le château de Pierrefonds de l’abandon, puisqu’il profite de l’engouement de la population pour le patrimoine architectural du Moyen Age. On conseille alors à Napoléon III de le restaurer, mais celui-ci est en balance avec un autre château de la région. Pour décider l’empereur, on décide d’organiser un tirage au sort. La légende raconte que l’impératrice Eugénie aurait glissé le nom du château de Pierrefonds sur les deux papiers afin de satisfaire sa préférence. S’il s’agit là d’une simple légende, toujours est-il que Napoléon III fait appel à Viollet le Duc pour rénover le château. Rénover est là aussi un bien grand mot, l’architecte laissant libre court à son imagination et « réinvente » en quelque sorte Pierrefonds, qui sera l’un de ses plus grands chefs d’œuvre…